Tanaron, le blog

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Rendez-moi l’écran blanc et les nuits noires

Certains soirs, pour faire mon intéressant, il m’est arrivé de monter sur une chaise, de me draper dans un torchon à carreaux et de déclamer une poignée de vers avec des accès de lyrisme proportionnels à mon taux d’alcoolémie. Il s’agissait de l’extrait suivant : « Chères images aperçues / Espérances d’un jour déçues / Vous serez dans l’oubli demain ». Parce que cette chanson, c’est un peu l’histoire de ma vie ; parce que Brassens , c’est un peu le plus grand chanteur à moustache de tous les temps ; parce que ces quelques vers, c’est aussi mon métier.

Quoi de plus fugace, en effet, que ces kilomètres de pellicule avalés, plus volatile encore que des paroles et qu’il me faut inlassablement, inutilement, prétendre capturer sur le papier. La critique s’apparente décidément à la constitution d’herbiers ; on a bien coincé entre deux feuilles la fleur qui dans le champ nous faisait tant rêver, et on ne comprend plus bien où parmi les autres herbes a glissé sa fantaisie.

Il est cinq heures bien tassées, Paris doit bien s’être éveillé. Mais peu me chaut ; je relis vos commentaires. Vous êtes clairs, durs entre deux « lol » et trois « hu hu », impitoyables dirait Cunégonde si elle n’était tout entière occupée à la composition d’une symphonie pour sinus dont l’ampleur ne cesse de me surprendre.

Vous en êtes donc certains, bien à l’abri de l’autre côté de l’écran, je dois tenter de suivre le fil du pick-up, franchir ce seuil dont j’ignore au fond[1] s’il me sépare d’une belle passante ou d’un rottweiler tenant en laisse un jeune cocaïné…

À vous en croire, le disque sur le palier n’a pu être laissé qu’à mon intention expresse ; nulle autre interprétation ne se conçoit qu’il s’agit bel et bien d’une invitation. Peu formelle, mais peu nous chaut ; que pourrait d’ailleurs me chaloir à cette heure ?

Allez, il n’est pas tout à fait six heures, j’envoie ceci sur mon blog et je vais lui chanter ma chanson fétiche. Et en entier, hein ; si je lui dit tout de go que je suis déjà prêt à l’oublier, ça risque de ne pas être la meilleure des entrées en matière possibles.

Plan B si c’est un moustachu à casquette : je ramasse le tourne-disque au passage, je pourrais toujours prétendre que je suis tombé dessus par hasard…

Allez, une chemise pour faire mine et c’est parti !


Et de cinq participation au sablier de printemps de miss Kozlika, sur une amorce ce soir dénichée par M’sieur Alexandre, dont j’ai profité de la licence autorisée sur la citation enclose dans l’amorce – l’envoi tardif est lié au fait que j’étais de sortie ce soir. L’auteur de la citation d’origine est le toujours jovial M. Le Chieur dans un billet d’anthologie intitulé Réhabilitons un grand auteur

C’est aussi la troisième visite dans ce sablier du critique insomniaque, atrabilaire et baleinophile. Vous pouvez vous reportez à ses précédentes interventions pour vous y repérer. À demain, car ça ne s’arrête pas là \o/

Notes

[1] oui, j’étais resté discret sur ce point

Commentaires

1. Le samedi 29 mars 2008, 01:41 par Franck

Cinéma Paradiso ! J'adore ;-)

2. Le dimanche 30 mars 2008, 11:05 par Lomalarch

Un peu « bluesy », peut-être, pour vraiment porter le soleil de l’Italie ;-)