Tanaron, le blog - Divagations et insomniesUne histoire de fous qui fait du bien.2016-11-14T14:11:35+01:00urn:md5:978c0cd10ce4d6bd816278124600985eDotclearDernière visite ?urn:md5:556c31062ee3575ccf67097b0823d2ff2008-04-02T22:18:30+00:002008-04-07T17:49:03+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Je ne sais pas où il est, je ne sais pas qui a eu cette brillante idée ni qui a pris la photo, mais si je savais où le trouver, j’y courrais derechef. Preuve supplémentaire, diront les caustiques, d’une tendance lourde chez moi ; j’aime – du moins tout porte à le croire – m’entêter dans les mêmes erreurs.</p>
<p>Faut me comprendre, aussi : qui n’a jamais éprouvé la volupté de se baigner deux fois dans la même flaque de boue ? De retrouver sa bonne vieille mouise que tant d’efforts nous ont permis de rendre inextricable ?</p> <p>Pas vous ? Ça doit être moi, alors…</p>
<p>De toute façon, dans l’histoire, ce n’est pas de moi qu’il s’agit, mais de <em>lui</em>, si vous avez suivi. Quand je l’ai rencontré, au lycée, c’était déjà un sac d’embrouilles ambulant. Mais il avait une forme de classe, un bagout certain et j’étais jeune – donc immortel. Ça n’est que le jour où les flics sont venus à la maison dès potron-minet et ont passé trois heures à cuisiner mes vieux, que je me suis dit que mes actes, nos actes en l’occurrence, pouvaient avoir des conséquences.</p>
<p>Et puis après le procès, quand il a pris de la prison ferme et moi juste du sursis, mes estimés parents m’ont fait comprendre que s’ils apprenaient que si j’avais ne serait-ce que cherché à obtenir de ses nouvelles, ils avaient sous le coude de quoi me faire connaître l’exaltante expérience de l’incarcération pour un bon moment.</p>
<p>Alors, je me suis assis sur ma lâcheté et je l’ai oublié, « Ronan la science ». Seulement voilà. Il y a des jours comme ça où le destin s’invite sans prévenir. Et il suffit de trois fois rien, finalement ; une petite impatience et l’œil sort de la tombe<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/46-derniere-visite#pnote-46-1" id="rev-pnote-46-1">1</a>]</sup>. C’est la faute à ce petit con, aussi. À force d’éluder <em>toutes</em> mes allusions, plus ou moins fines, à ses parents, j’ai fini par me faire des films. J’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai pour ainsi dire, forcé sa porte, un petit matin. Et bien sûr, je pouvais pas la rater ; sur le frigo, bien en valeur, la gueule à Ronan avec un costume de Père Noël et Castor qui lui tire la barbe…</p>
<p>Le môme a pas apprécié l’intrusion, mais il a bien fallu qu’il me raconte comment, un matin, ses parents l’ont posé à l’entrée de l’école en lui disant de rentrer sans les attendre, le soir. Il ne les a plus vu depuis ; ça devait être deux mois avant qu’on se rencontre. Parce que oui, le pick-up sur le palier, en fait, c’était bien un appel, une invitation. Parce qu’il est futé, le Castor, et qu’il savait qu’il fallait qu’il trouve quelqu’un pour s’occuper de lui si ses géniteurs n’assurent plus le coup. Ils lui avaient laissé une carte de retrait avec le code, mais il sentait que ça allait pas le faire, comme éducation ; il a oublié d’être noix, le gnome.</p>
<p>En attendant, je sais pas où il est, le Ronan. Il aurait pas laissé tomber le gamin sans des raisons <em>sérieuses</em>. Et je sais ; je sais que si j’avais une seule idée d’où il a pu atterrir, je foncerai comme un seul homme pour le sortir de là, mon vieux pote.</p>
<hr />
<p><em>Dixième et déjà dernier <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/04/02/Sablier-du-printemps-amorce-10">sablier de printemps</a>, sur une idée de Kozlika, une amorce proposée par <a href="http://samantdi.net/dotclear/">Samantdi</a> comme hier et qui provient du billet <a href="http://tassili.wordpress.com/2007/06/28/on-efface-tout-et-on-recommence/">On efface tout et on recommence</a> de Tassili.</em></p>
<p>J’ignore si c’est aussi la fin des aventures de notre héros, l’avenir nous le dira <img src="/tanaron/themes/tanablog/smilies/wink.png" alt=";-)" class="smiley" /> Pour remonter sa petite histoire, ça commence <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">ici</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/46-derniere-visite#rev-pnote-46-1" id="pnote-46-1">1</a>] je crois que je décroche le pompon de la référence littéraire la plus lourdement amenée de l’année</p></div>
Vanitas vanitatisurn:md5:876c315458e00f417297ddada7cb99862008-04-02T09:45:09+00:002008-04-07T17:49:30+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Notez, je vous prie, que j’aurais résisté longtemps avant de finalement céder sur un malheureux coup de tête hier soir dimanche, aux alentours de minuit. Les plus caustiques, je les entend déjà, diront que ça me pendait au nez, que ça ne peut surprendre que les naïfs ou ceux qui me connaissent bien mal. Je suis sans doute un peu dans les deux cas ; je ne m’y attendais pas.</p> <p>Il faut dire que dès que le mot « mode » est prononcé, j’ai une furieuse tendance à regarder obstinément ailleurs. Sans doute un genre de snobisme, mais la mode m’a toujours semblé être l’attrape-gogo ultime. S’intéresser à un truc par injonction sociale, et puis quoi encore ? Ma liberté de conscience, c’est du poulet ? Je ne suis pas, je ne serai <em>jamais</em> un « early-adopter » (et je n’emploie cet anglicisme pour décérébrés qu’à la seule fin d’être accessibles pour les mal-comprenants susceptibles de s’égarer ici).</p>
<p>Seulement voilà ; on ne rencontre pas tous les jours un Castor<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/45-vanitas-vanitatis#pnote-45-1" id="rev-pnote-45-1">1</a>]</sup>. Un minot dont les horaires correspondent presque aux miens, que Cunégonde adore et qui cause de façon définitive, sans s’embarrasser des sempiternelles excuses et relativisations. Les sales types sont des sales types. Qu’ils aient eu des expériences difficiles ne les dispense pas d’avoir fait des choix, les mauvais. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anakin_Skywalker">Anakin</a> c’est un nase et puis c’est tout ; d’ailleurs il a une sale coupe de cheveux.</p>
<p>Quand tant de gens semblent toujours prêts à excuser les pires lâchetés, il est revigorant d’affronter ce regard entêté, cette certitude. Et justement. Il sait ce qu’il veut l’animal. Alors pour qu’on puisse partager un minimum, j’ai cédé. À minuit dimanche, j’ai acheté une console Naaaaan sur internet ; je suis faible, lapidez-moi.</p>
<hr />
<p><em>Déjà le <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/04/01/Sablier-du-printemps-amorce-9">neuvième sablier du printemps</a> de Kozlika ? c’est pas dieu<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/45-vanitas-vanitatis#pnote-45-2" id="rev-pnote-45-2">2</a>]</sup> possib’ ! L’amorce a été proposée par <a href="http://samantdi.net/dotclear/">Dark Samantdor</a> et trouvée chez Colin Ducasse dans un billet intitulé <a href="http://www.colin-ducasse.net/2008/02/18/je-suis-le-maitre-du-monde">Je suis le maître du monde (ou pas)</a> dont la parenté de sujet avec celui-ci est une vraie coïncidence</em></p>
<p>Si vous arrivez en cours de route, vous pouvez remonter la piste de notre narrateur à partir du <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">troisième sablier</a> et le suivre dans <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/04/02/46-derniere-visite" hreflang="fr" title="Dernière visite ?">le dernier</a> \o/</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/45-vanitas-vanitatis#rev-pnote-45-1" id="pnote-45-1">1</a>] ça me fait penser que je n’ai toujours pas eu l’occasion de croiser ses parents</p>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/04/02/45-vanitas-vanitatis#rev-pnote-45-2" id="pnote-45-2">2</a>] vous ne voudriez pas que je le majusculasse, tout de même ?</p></div>
Castor de résistanceurn:md5:a6e72a62306cdd95d693726531d239b52008-03-31T23:57:21+00:002008-04-07T17:50:20+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>« Et puis un jour, on ose relever la tête. Enfin, pour moi, cela s’est traduit comme cela : j’ai commencé à arpenter la vie en ne contemplant plus le sol, courbée que j’étais sous le poids de mon encombrant boulet, mais redressée, regardant les autres dans les yeux, et l’horizon vers lequel j’allais… Libre, finalement. Ce n’est pas ma faute si je suis la seule de ma cellule de résistance à n’avoir pas été capturée. D’ailleurs, c’est la faute des machos de la bande et leur manie de m’envoyer au ravitaillement. Les petits cons ! finissait-elle dans un sanglot. »</p>
<p>C’était quelqu’un, ma grand-mère !</p> <p>Je ne sais pas combien de fois elle me l’a raconté sa guerre. Je sais encore bien moins pourquoi je ne l’ai pas enregistrée, pourquoi je n’ai pas écrit cette histoire avec elle. J’en ai rêvé, pourtant, de cette grande bringue qui faisait sauter des trains, tout en soutirant des infos aux soldats occupants par des sourires innocents. Avec une malice dans le regard qu’elle a toujours eu. Je crois bien qu’elle me manque, tiens.</p>
<p>Je me demande bien pourquoi c’est à elle que je pense, dans ce petit matin blême. Cunégonde ne va pas tarder à se lever. Castor<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/44-castor-de-resistance#pnote-44-1" id="rev-pnote-44-1">1</a>]</sup> a faim, maintenant que sa ration d’images est digérée. J’ai pas de chocolat, évidemment (et puis je l’avais prévenu, il va pas me chercher des poux, maintenant) ; alors on va faire avec moyens du bord <del>rutabagas du jardin</del> corn flakes et petit suisse dessus.</p>
<p>Ça lui plaît bien, au gnome, le « petit déjeuner de grand ». En plus, c’est la fête : il me reste une orange pour lui faire un jus.</p>
<p>Et puis l’inévitable se produit. On entend cet indéfinissable couinement que produit inévitablement le premier bâillement matinal de la Cunégonde. Suivent ses pas dans le couloir. Dès qu’elle passe la porte de la cuisine, elle fonce sur le petit bonhomme, le respire, l’embrasse goulûment.</p>
<p>– Cunégonde ! Hi hi, tu me chatouilles ! <br />
– Cunégonde, arrête. Laisse-le, je te dis. Cunégonde couchée !</p>
<p>L’épagneule se retourne indignée ! Comment, lis-je dans ses yeux, on ne peut plus souhaiter la bienvenue aux visiteurs ? Je baisse d’un ton.</p>
<p>– Laisse-le respirer, quand même ! <br />
– Hé, M’sieur… <br />
– Appelle-moi Gus, va… <br />
– Gus, on va la promener ?</p>
<hr />
<p><em>Déjà huitième participation au <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/31/Sablier-du-printemps-amorce-8">sablier de printemps de la fée Kozette</a> avec une amorce proposée ce soir comme hier par <a href="http://amazone2005.free.fr/etc">Agaagla</a>, prise chez Traou dans le billet <a href="http://traou.net/blog/index.php?2006/06/26/139-histoire-du-corps-tome-3">Histoire du corps (tome 3)</a></em></p>
<p>Notre héros a commencé sa quête <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">ici</a> et la continue <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/04/02/45-vanitas-vanitatis" hreflang="fr" title="Vanitas vanitatis">par là</a></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/44-castor-de-resistance#rev-pnote-44-1" id="pnote-44-1">1</a>] non, mais sérieux, les parents. Castor. Ils sont pas bien les gens… On peut aimer la mythologie, mais il y a des limites !</p></div>
Petites boîtesurn:md5:0ef7dd35275042c2d304b8a45b248cfa2008-03-31T12:00:09+00:002008-04-07T17:50:37+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>L’humanité se divise en deux camps bien distincts que tout oppose irrémédiablement.</p>
<p>La ligne de fracture passe très précisément au milieu de la table de ma salle à manger… De l’autre côté, la multitude, les autres, les <em>gens</em> – ce merveilleux mot pour rejeter l’humanité hors de nous-mêmes. De mon côté, bien sûr, le raffinement, la curiosité, l’esthétique, le goût de la quiétude ; un certain art de vivre en somme.</p> <p>Car, quand on passe de l’autre côté, il est là, le constant maëlstrom télévisuel, prêt à vous disponibiliser les neurones, à vous liposucer le cerveau, à vous capturer comme un lapin dans les phares. Et moi, être phalène de téléviseur, c’est pas mon projet dans la vie. Le truc est un outil de travail (il y a des producteurs qui nous envoie des dvd plutôt que d’organiser des projections de presse) mais quand je mange, je tourne le dos au monstre<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/43-petites-boites#pnote-43-1" id="rev-pnote-43-1">1</a>]</sup>.</p>
<p>Et voilà que le gamin veut son dessin animé ! Merde. À six heures et demie y a des dessins-animés ? Le dimanche ? Les programmateurs ne respectent décidément rien. Et ce alors même qu’on était dans une discussion <em>vraiment</em> intéressante !</p>
<p>– Nan, tu vois, Ulysse, franchement, c’est le meilleur. Mais le massacre des prétendants… C’est nul. C’est un héros. Le plus fin. Il se sort de tout par la ruse, l’astuce, l’intelligence… et à la fin il descend tout le monde comme une brute épaisse ! C’est quoi la morale ? <br />
– Qu’est-ce que j’en sais, petite tête. Peut-être que l’idée c’est qu’en voyage, ou quand on est perdu, on est plus attentif, on se découvre des ressources… mais qu’une fois à la maison on se lâche. On pète, on rote, et on tire sur les gens qu’on n’a pas invité. <br />
– C’est nul…</p>
<p>Cette façon de hocher la tête. Cette déception abyssale et entêtée. C’est quelqu’un ce môme.</p>
<p>– C’est peut-être aussi pour dire que les héros ça n’existe pas. Qu’on peut être absolument, totalement héroïque quand les circonstances nous y amènent. Mais que si les circonstances changent, notre brutalité peut aussi reprendre le dessus… <br />
– Hé, tu peux mettre la 6 ? <br />
– Uh ? <br />
– La 6, c’est l’heure de <em>Pop College</em>.</p>
<p>Mais je m’en fous, moi, de <em>Pop College</em> ! J’étais sur le point de sortir mon dictionnaire de la mythologie, pour vérifier un truc sur Circé<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/43-petites-boites#pnote-43-2" id="rev-pnote-43-2">2</a>]</sup> ! Mais mon manque d’intérêt ne le refroidit pas. Il a chopé ma télécommande et mis ses personnages sautillants dans mon salon…</p>
<p>– Hé, baisse le son ! Tu vas réveiller Cunégonde, bougre d…</p>
<p>Il m’obéit, mais je vois à sa posture, à son être tendu vers la lucarne qu’il est perdu pour moi au moins pour la demi-heure qui vient…</p>
<hr />
<p><em>Septième participation au <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/30/Sablier-du-printemps-amorce-7">sablier d’automne de Kozlika</a> sur une amorce proposée aujourd’hui par <a href="http://amazone2005.free.fr/etc/">Agaagla</a> – sur la ligne de finish, la machine infernale m’ayant mangé hier soir mon premier début -_- –. À l’origine, le début était celui d’un excellent billet du Monolecte, <a href="http://blog.monolecte.fr/post/2004/12/12/17-dualite">Dualité</a></em>.</p>
<p>Vous pouvez retrouver les débuts de notre narrateur plus haut dans la série sablier, précisément <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">ici</a>. C’est le cinquième épisode de ses aventures trépidantes ! <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/31/44-castor-de-resistance" hreflang="fr" title="Castor de résistance">Le sixième</a> vous tend les bras.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/43-petites-boites#rev-pnote-43-1" id="pnote-43-1">1</a>] un des rares monstres – avec <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9duse_(mythologie)">Méduse</a> – qu’il est plus dangereux d’avoir devant que derrière soi</p>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/31/43-petites-boites#rev-pnote-43-2" id="pnote-43-2">2</a>] y eut-il jamais sorcière plus sexy que Circé ?</p></div>
Happy ending ?urn:md5:2f4708d66be541d83d2837a1d388113b2008-03-30T00:52:39+00:002008-04-07T17:51:17+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Ça y est enfin. Cela fait des semaines que je pense à ce moment. Comme le dit le dicton coréen, « le meilleur moment quand on fait l’amour, c’est quand on monte les escaliers ». Un bordel monstre règne dans et sur mon bureau. Rien à battre. De toute façon, c’est pas comme si c’était inhabituel. Le désordre m’est pour ainsi dire consubstantiel et seule l’appréhension – légitime – me pousse à penser que mon fatras ordinaire puisse être un problème. Et puis il déborde pas dans l’escalier mon merdier de bureau, alors quoi ?</p> <p>Dans l’escalier, on le sait, il n’y a que le pick-up, son étrange fil<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/30/42-happy-ending#pnote-42-1" id="rev-pnote-42-1">1</a>]</sup> qui passe sous la porte à l’étage du dessus. Donc là, j’ai le crin-crin sous le bras, je sonne ; il est six heures moins deux. Pas de réponse. Dans ces cas-là, heureusement, les codes sont bien établis et on a deux possibilités :</p>
<ol>
<li>ou on se décourage et le plan d’après découvre la fille derrière sa porte attendant désespérément le deuxième coup de sonnette parce-que-ça-se-fait-pas-de-répondre-de-suite<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/30/42-happy-ending#pnote-42-2" id="rev-pnote-42-2">2</a>]</sup></li>
<li>ou on insiste et le plan d’après révèle la fille au fond de son lit pour ne pas céder à la pulsion qui la pousserait à répondre à l’appel du mâle.</li>
</ol>
<p>Ça nous met le coup de sonnette dans le registre du brame du cerf, un peu ; mais surtout c’est <em>du cinéma</em> ! Dans la vraie vie les vrais gens ils se déplacent et il gueulent quand on sonne et resonne comme un ahuri un dimanche à six heures du mat’. Donc je resonne, parce que <em>logiquement</em> elle doit ouvrir. Et d’ailleurs…</p>
<p>Oui !</p>
<p>La porte s’entrouvre, de plus en plus largement, je penche la tête pour découvrir au plus vite le visage qui se cache derrière… mais rien.</p>
<p>– Chut, Monsieur !</p>
<p>Le chuchotis vient de plus bas. Le môme qui a ouvert n’a pas plus de dix ans.</p>
<p>– Il ne faut pas faire trop de bruit. Sinon Papa et Maman ils vont pas être contents si tu les réveilles. Tu fais une drôle de tête, Monsieur…</p>
<p>J’imagine que je dois avoir sévèrement la gueule en biais ; j’avais pas prévu ce coup-là.</p>
<p>– C’est toi qui habite en-dessous, c’est ça ? Avec Cunégonde. Elle est chouette Cunégonde ! <br />
– Très… chouette, déglutis-je péniblement. Et soudain me revient le prétexte de ma visite – le moyen, j’espère, de trouver une contenance. Le… truc, là, c’est à toi ? <br />
– Mon mange-disque ! <br />
– Aaaaah non, jeune homme ; un mange-disque, comme son nom l’indique, le disque rentre à l’intérieur. Ça, à l’époque on appelait ça un p… <br />
– Un pick-up, oui, je sais. Même si Mamie elle dit que c’est pas bien les anglissimses, et que, en bon français, on doit dire électrophone. Mais mange-disque c’est quand même plus rigolo, comme mot, non ?</p>
<p>Il en a de la répartie, le drôle !</p>
<p>– Heu… certes, mais je… Quelque soit le nom de cet objet, sa place n’est pas sur le palier, tout de même… <br />
– Ah oui, mais non, mais ça c’est à cause que j’ai perdu mes clefs. <br />
– Tes… clés ?… <br />
– Bah oui, et alors du coup comme on les a pas encore refaites, les clefs, je peux pas rentrer si y a pas déjà Papa ou Maman à la maison… <br />
– Évidemment, mais… <br />
– Du coup, pour pas que je m’ennuie, parce que je t’ai pas dit, mais j’aime pas lire en silence : si y a pas un peu de bruit que je connais, un peu de musique, ben j’arrive pas à me concentrer. Et les baleines, franchement, c’est le top pour lire. Moi, en ce moment, je lis <em>Les Trois Mousquetaires</em>, et toi tu lis quoi ? <br />
– Rien sur le pallier, en tout cas. <br />
– Ah bah on dirait pas, hein, je t’ai entendu tout à l’heure. Trois fois tu te l’es passé, le disque !</p>
<p>Enfer, le môme est aussi insomniaque que moi !</p>
<p>– Bon ben reprends ton truc, là, et on en reparle demain… enfin, plus tard ! <br />
– Si tu veux on peut causer maintenant, on n’a qu’à aller chez toi, on sera plus tranquille qu’à moitié sur le pallier…</p>
<p>Mais de quoi je pourrais lui causer, moi, au schtroumpf ?</p>
<p>– Mais, heu, tes parents t’ont pas dit de pas causer aux inconnus ? <br />
– T’es pas un inconnu, t’habites en-dessous ! Et puis Cunégonde, je la connais bien !</p>
<p>Vaincu, par un gnome d’1 m 22. Ça doit être l’heure, mais j’ai la rhétorique qui fait eau de toute part…</p>
<p>– Bon ben viens si tu veux. On peut se l’écouter ensemble, ton disque si ça t’amuse… <br />
– T’as du chocolat ? il fait, en claquant la porte derrière lui, le fil à la main.<br />
– Hé, y a pas marqué « maison en pain d’épice » sur ma porte.<br />
– C’est vrai qu’il est pas au point, ton look de sorcière !</p>
<p>Il rit, doucement (on est encore dans l’escalier), mais d’un rire très joyeux. Je ne me rappelle plus bien pourquoi, au fond, j’étais monté à l’étage du dessus ; mais je ne suis pas déçu de ce que j’y ai trouvé…</p>
<hr />
<p><em>Et de six participations au <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/29/Sablier-du-printemps-amorce-6">sablier de printemps</a> de mamzelle Kozlika, avec la deuxième amorce choisie par <a href="http://leroyaumeduquotidien.free.fr/">m’sieur Alexandre</a>, qui colle tellement bien pour enchaîner à mon texte d’hier que c’en est suspect (presque). C’est chez Chondre, et plus précisément sur un billet intitulé <a href="http://www.chondre.com/2005/11/04/ciao-boulot/">Ciao boulot</a> qu’Alexandre avait été puiser l’inspiration</em> <img src="/tanaron/themes/tanablog/smilies/wink.png" alt=";-)" class="smiley" /></p>
<p>C’est aussi le quatrième épisode de la vie nocturne trépidante du critique de cinéma et de Cunégonde. Ça commence <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">par là</a> ; ça se poursuit <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/31/43-petites-boites" hreflang="fr" title="Petites boîtes">ici</a>.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/30/42-happy-ending#rev-pnote-42-1" id="pnote-42-1">1</a>] c’est vrai, c’était pas si long les fils d’électrophone, de mon temps… heu… du temps où ça existait encore</p>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/30/42-happy-ending#rev-pnote-42-2" id="pnote-42-2">2</a>] y-a-pas-marqué-Marie-couche-toi-là-non-plus</p></div>
Rendez-moi l’écran blanc et les nuits noiresurn:md5:6adcd73db5f3528e4f24b285d71365452008-03-29T01:13:15+00:002008-04-07T17:51:36+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Certains soirs, pour faire mon intéressant, il m’est arrivé de monter sur une chaise, de me draper dans un torchon à carreaux et de déclamer une poignée de vers avec des accès de lyrisme proportionnels à mon taux d’alcoolémie. Il s’agissait de l’extrait suivant : « Chères images aperçues / Espérances d’un jour déçues / Vous serez dans l’oubli demain ». Parce que <a href="http://www.paroles.net/chanson/19792.1">cette chanson</a>, c’est un peu l’histoire de ma vie ; parce que Brassens , c’est un peu le plus grand chanteur à moustache de tous les temps ; parce que ces quelques vers, c’est aussi mon métier.</p> <p>Quoi de plus fugace, en effet, que ces kilomètres de pellicule avalés, plus volatile encore que des paroles et qu’il me faut inlassablement, inutilement, prétendre capturer sur le papier. La critique s’apparente décidément à la constitution d’herbiers ; on a bien coincé entre deux feuilles la fleur qui dans le champ nous faisait tant rêver, et on ne comprend plus bien où parmi les autres herbes a glissé sa fantaisie.</p>
<p>Il est cinq heures bien tassées, Paris doit bien s’être éveillé. Mais peu me chaut ; je relis vos commentaires. Vous êtes clairs, durs entre deux « lol » et trois « hu hu », impitoyables dirait Cunégonde si elle n’était tout entière occupée à la composition d’une symphonie pour sinus dont l’ampleur ne cesse de me surprendre.</p>
<p>Vous en êtes donc certains, bien à l’abri de l’autre côté de l’écran, je dois tenter de suivre le fil du pick-up, franchir ce seuil dont j’ignore au fond<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/29/40-rendez-moi-lecran-blanc-et-les-nuits-noires#pnote-40-1" id="rev-pnote-40-1">1</a>]</sup> s’il me sépare d’une belle passante ou d’un rottweiler tenant en laisse un jeune cocaïné…</p>
<p>À vous en croire, le disque sur le palier n’a pu être laissé qu’à mon intention expresse ; nulle autre interprétation ne se conçoit qu’il s’agit bel et bien d’une invitation. Peu formelle, mais peu nous chaut ; que pourrait d’ailleurs me chaloir à cette heure ?</p>
<p>Allez, il n’est pas tout à fait six heures, j’envoie ceci sur mon blog et je vais lui chanter ma chanson fétiche. Et en entier, hein ; si je lui dit tout de go que je suis déjà prêt à l’oublier, ça risque de ne pas être la meilleure des entrées en matière possibles.</p>
<p>Plan B si c’est un moustachu à casquette : je ramasse le tourne-disque au passage, je pourrais toujours prétendre que je suis tombé dessus par hasard…</p>
<p>Allez, une chemise pour faire mine et c’est parti !</p>
<hr />
<p><em>Et de cinq participation au <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/28/Sablier-du-printemps-amorce-5">sablier de printemps</a> de miss Kozlika, sur une amorce ce soir dénichée par M’sieur <a href="http://leroyaumeduquotidien.free.fr/">Alexandre</a>, dont j’ai profité de la licence autorisée sur la citation enclose dans l’amorce – l’envoi tardif est lié au fait que j’étais de sortie ce soir. L’auteur de la citation d’origine est le toujours jovial M. Le Chieur dans un billet d’anthologie intitulé <a href="http://brols.net/2003/01/11/96-rehabilitons-un-grand-auteur">Réhabilitons un grand auteur</a></em></p>
<p>C’est aussi la troisième visite dans ce sablier du critique insomniaque, atrabilaire et baleinophile. Vous pouvez vous reportez à ses <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">précédentes</a> <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/41-bon-sang-mais-cest-bien-sur" hreflang="fr" title="Bon sang mais c’est bien sûr">interventions</a> pour vous y repérer. À demain, car <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/30/42-happy-ending" hreflang="fr" title="Happy ending ?">ça ne s’arrête pas là</a> \o/</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/29/40-rendez-moi-lecran-blanc-et-les-nuits-noires#rev-pnote-40-1" id="pnote-40-1">1</a>] oui, j’étais resté discret sur ce point</p></div>
Bon sang mais c’est bien sûrurn:md5:d7ed95cc6c9dbf22697949152839933c2008-03-27T22:10:45+00:002008-04-07T17:51:56+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Vous savez pas la dernière ? Il parait que j’ai un blog. Oui, oui, un de ces machins sur Internet où je raconte ma vie. Ça me revient d’un coup, là, sur le palier, en caleçon, à 4 heures 37, alors que je viens de relancer pour la troisième fois le chant des baleines à bosse.</p> <p>Je sais plus quand je l’ai ouvert, le blog. Je me rappelle vaguement qu’un certain nombre de relations m’y avaient poussé : <br />
– Attends coco, faut pousser le hype ! Un truc où les gens auront l’impression de suivre les dessous de la vraie vie du critique, et en direct encore, ça va faire de toi un must have ; les rédactions vont s’arracher la collaboration du critique-qui-dit-tout !</p>
<p>Évidemment, me connaissant, ça ne pouvait que virer au critique-qui-dit-n’importe-quoi. Mais ça avait marché, un peu ; ça m’avait amusé un bon moment. J’avais même été cité à la radio au moins une fois. Mais dans les rédactions, tout le monde s’en tamponnait la rate avec allégresse de mes <em>n</em> visiteurs uniques par jour et de mes <em>x</em> commentateurs réguliers. Et puis ça m’amusait moins. Alors j’avais laissé la poussière s’accumuler sur le truc ; je me contentais de répondre aux commentateurs égarés et me promettais de m’y remettre sérieusement dès ma retraite.</p>
<p>Mais là, d’un coup, la possibilité d’avoir une réponse de parfaits inconnus à mon questionnement. Que des gens qui ne me sont rien, et dont ce n’est pas le métier, me disent quoi faire ; me lancer à l’aventure, ou m’acheter des boules Quiès ? D’un coup, ça me paraît un moyen tout à fait <em>fun</em> de tirer à pile ou face !</p>
<p>Alors je mets ce billet en ligne ; il est à peu près cinq heures du matin, et, bien sûr, pour le rogaton de nuit qui me reste, ça se passera auprès du doux moteur diesel qui ronronne dans mon lit, mais pour demain ?</p>
<p>Lâchez vos commmmz’ !</p>
<hr />
<p><em>Déjà, on peine à le croire, la <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/27/Sablier-du-printemps-amorce-4">quatrième sablier du printemps</a> de Kozlika, comme hier sur une amorce dénichée par <a href="http://otir.net/dotclear/">Otir</a>. À l’origine, l’amorce était de <a href="http://amrhaps.net/index.php/">Krazy Kitty</a> pour un billet<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/41-bon-sang-mais-cest-bien-sur#pnote-41-1" id="rev-pnote-41-1">1</a>]</sup> intitulé <a href="http://amrhaps.net/2007/06/08/72-chronique-d-une-these-annoncee-ou-pas">Chronique d'une thèse annoncée (ou pas)</a></em>. Lire le <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/39-et-deux-glacons" hreflang="fr" title="Et deux glaçons !">billet de la veille</a> peut s’avérer éclairant si on tombe ici par hasard. Et, bien sûr, ce n’est <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/29/40-rendez-moi-lecran-blanc-et-les-nuits-noires" hreflang="fr" title="Rendez-moi l’écran blanc et les nuits noires">pas fini</a> <img src="/tanaron/themes/tanablog/smilies/wink.png" alt=";-)" class="smiley" /></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/41-bon-sang-mais-cest-bien-sur#rev-pnote-41-1" id="pnote-41-1">1</a>] un brin déprimant quand, comme moi, on n’a pas eu le courage de terminer sa maîtrise, mais ce n’est pas le sujet</p></div>
Et deux glaçons !urn:md5:758e5c6fdff063f0ddd5a8558de256c02008-03-27T00:21:56+00:002008-04-07T17:52:12+00:00LomalarchDivagations et insomnies<p>Il est trois heures du matin, je n’arrive pas à dormir. J’entends le bruit de la mer, des vagues qui s’écrasent contre la falaise en soupirant, en rongeant de leurs larmes les pierres insensibles. C’est à la fois beau, intensément mélancolique et un peu fatiguant. Et puis je me rassois sur le bord du lit. Quelque chose décidément me tracasse ; qu’est-ce que ce ressac vient foutre à Courbevoie ?</p> <p>’fin c’est vrai tout de même, on n’a pas mangé de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cauchemars_de_l%27amateur_de_fondue_au_Chester">fondue au chester</a> au dîner, et, à moins que le réchauffement climatique ne se soit accéléré dans la nuit, la mer n’a aucune raison de venir perturber ma fin de veillée au seizième étage de la Tour 2.</p>
<p>N’écoutant que mon courage<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#pnote-39-1" id="rev-pnote-39-1">1</a>]</sup>, je sors précautionneusement de la chambre pour m’approcher subrepticement de la baie vitrée du salon. Le bruit, bien sûr, a totalement disparu. Pas plus de houle au dehors que d’iceberg sur ma paume. Juste l’océan scintillant des lumières de la ville.</p>
<p>À propos d’iceberg, tiens, l’occasion est trop belle de me servir un petit whisky. Avec deux glaçons. Au moins, je ne me serai pas levé pour rien. Je sirote, longuement, la tension accumulée au long d’une authentique soirée de merde se dilue lentement dans les vapeurs de ce vieux <em>blend</em> – un ami sûr. Décidément, je ne suis pas « taillé » pour les pince-fesses ; j’aurais peut-être dû choisir un autre métier. Critique de cinéma, en fait, je voyais ça plus <em>solitaire</em>, quand même. Quel besoin de s’empiffrer de petits-fours quand il me suffirait, ô combien, d’être seul face à la toile ? C’est entre les images et moi que ça se passe, que ça <em>devrait</em> se passer ; trop souvent, s’interpose l’attachée de presse, dont le seul but est de m’asséner ce qu’il <em>faut</em> penser de ce que je vais voir ou, pire, le réalisateur qui, lui<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#pnote-39-2" id="rev-pnote-39-2">2</a>]</sup>, a un <q>message</q> à délivrer au monde. Puisse-t-il s’étouffer avec son message, sa symbolique de carte postale et ses références : « En fait, quand elle lève la main, dans la séquence du métronome, c’est une citation de <em>Playtime</em>, t’vois… J’ai voulu que ça reste discret, mais en fait, j’ai peut-être fait ce film juste pour faire exister cette citation. Parce que Tati, quand même, on dira ce qu’on voudra… c’est un sommet, quoi. Faire un film <em>après</em> lui, quelque part, c’est d’une prétention insensée , non ?… » En tout cas parier que ce type de verbiage peut intéresser quelqu’un, et moi en particulier, c’est à n’en pas douter faire preuve d’un optimisme démesuré.</p>
<p>Le pire c’est qu’il est BON, ton film, pauv’ nouille ; il serait juste un peu meilleur si tu cessais de l’assaisonner au commentaire fadasse !</p>
<p>Houlà ! on dirait que je me suis laissé aller à penser à voix haute, là. J’entends ma voix résonner et le bourdon de Cunégonde, dans la chambre, s’est arrêté. Ouf, elle ne s’est pas réveillée et relance la fanfare au bout de quelques secondes. Quelques secondes qui ont suffi. La vague est revenue. En fait elle n’est probablement jamais partie ; elle était simplement masquée par le soufflet de forge de ma femme. Quelque part dans ma maison, c’est désormais sûr, il y a un rivage. Je dois mettre la main dessus.</p>
<p>Je secoue les vapeurs d’alcool et tente, la main sur l’oreille, d’isoler le son… C’est là. Forcément. J’ouvre la porte palière et le bruit devient plus net. C’est au-dessus que ça se passe. Pariant sur mon impunité à sortir en caleçon à trois heures trente sept, je me lance dans l’escalier et découvre… un pick-up<sup>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#pnote-39-3" id="rev-pnote-39-3">3</a>]</sup> ! Je crois que je n’ai pas vu ce type d’engin depuis une bonne vingtaine d’années, mais c’est un authentique pick-up, sorti tout droit d’une boum des années soixante. Et bien sûr, dessus, LE disque où chante la baleine à bosse. Celui que j’ai toujours connu. Écouté surécouté jusqu’à l’os chez mes parents. Enfin le même mais un autre, hein ; celui de la maison, mon cousin Pétronille l’a cassé en deux, un jour. Le disque, bien sûr, est terminé, mais la tête du tourne-disque saute et rejoue inlassablement ces deux dernières secondes, où l’on entend juste les vagues ; depuis combien de temps, la même vague se brise-t-elle inlassablement contre l’étiquette en papier du disque noir ?</p>
<p>Et maintenant, je fais quoi ? Je suis le fil électrique de l’appareil, qui m’amènera chez la voisine du dessus – qui serait fondée à être surprise de trouver un peu avant quatre heures du matin son voisin en tenue légère sur son paillasson ? Je cède à la tentation de remettre le disque au début pour entendre cette madeleine sonore, assis sur une marche et alors que la minuterie vient de me laisser dans le noir ? Ou je vais sagement retrouver la douce moissonneuse-batteuse qui m’attend dans mon lit ?</p>
<p>Non, franchement, je me tâte…</p>
<hr />
<p><em>Troisième participation au <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/post/2008/03/26/Sablier-du-printemps-amorce-3">sablier de printemps</a> de <a href="http://www.kozlika.org/kozeries/">Kozlika</a> avec une amorce proposée ce soir par la sémillante <a href="http://otir.net/dotclear/">Otir</a>. La suite – ou tout autre chose – demain \o/ </em></p>
<p><strong>Pour les curieux</strong> : l’insomnie maritime a d’abord appartenu à Zoridae, qui avait appelé ça <a href="http://delasexualitedesaraignees.blogspot.com/2007/12/au-bord-de-la-mer.html">Au bord de la mer</a>. Et désormais, il y a <a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/2008/03/27/41-bon-sang-mais-cest-bien-sur" hreflang="fr" title="Bon sang mais c’est bien sûr">une suite</a> \o/</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#rev-pnote-39-1" id="pnote-39-1">1</a>] ce qui me change de n’écouter que Cunégonde qui pour l’heure ronfle comme une bienheureuse</p>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#rev-pnote-39-2" id="pnote-39-2">2</a>] ou elle, hein, ce n’est pas du sexisme, c’est juste qu’en français le neutre est masculin…</p>
<p>[<a href="http://lomalarch.free.fr/tanablog/post/2008/03/27/39-et-deux-glacons#rev-pnote-39-3" id="pnote-39-3">3</a>] un électrophone, j’entends, pour les moins de vingt ans</p></div>