Que reste-t-il de ce nous d’alors aujourd’hui ? Je suis fourbu comme un cheval de réforme, et cette montagne qui fut mon terrain de jeu me renvoie à tout ce que je ne suis plus. Ou alors c’est le Fernet-Branca ? L’amertume du goût aurait-elle réveillé une vieille amertume de mon âme ?

Sinon comment expliquer que je sois parti de chez René comme je l’ai fait, laissant Castor et Cunégonde médusés ? Quelle furie nostalgique aurait pu me pousser à foncer, dès que René m’a parlé de cet estranger qui portait le même nom que moi ? Quel égarement des sens aurait pu m’amener à enfoncer la porte de Pétronille en hurlant que ça suffisait de m’avoir pété mon disque et qu’il n’allait pas encore me saboter ma montagne ? Quel autre carburant eût pu me pousser à me barricader derrière la table à l’arrivée des gendarmes et à regretter à haute voix de n’être pas armé ?

Quant à crier à tue-tête, pendant une durée indéterminée : Je suis un rossignoooool ! Je suis liiiibre ! Personne ne peut m’empêcher de chanter ! je crains que ce ne soit plus de mon âge, au vu de la sévère extinction de voix que j’ai au matin.

J’ai l’air rien con quand René vient me chercher le lendemain. Heureusement qu’il les connaît bien, les gendarmes, et qu’il a pu les convaincre de ne pas me poursuivre si je m’engageais à ne plus jamais boire une goutte de cette bouteille.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, le rossignol se fait discret.


À la fois très envie de réécrire ici, pas beaucoup de temps et pas encore replongé dans le bain du feuilleton, je vous livre cette petite péripétie divaguante, jetée vite fait après relecture des chapitres précédents, en attendant de livrer les informations sur Renan que possède René. À défaut d’avoir avancé dans l’intrigue, j’espère vous avoir un peu divertis :-) À bientôt (enfin c’est les vacances, là, les connexions régulières ne sont pas garanties)

L’amorce proposée par Agaagla était issu des Vrilles de la Vigne de Colette. On ne se refuse rien, ici :-)