Tanaron, le blog

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Premier soir, premier matin

Marie-de-Franz a préparé du riz, cependant que Michel tapait le bœuf sur sa guitare de gaucher[1] avec Franz à la flûte traversière traditionnelle[2]. Je décline l’invitation à me joindre à eux. Je maîtrise en effet péniblement trois morceaux qui se courent après, et ne me suis jamais senti les épaules pour tenter l’impro…

Mais prenons quelques instants pour resituer le contexte

On m’a fait remarquer, à propos du précédent billet et à juste titre, que mes compagnons d’aventure étaient un chouille difficile à situer les uns par rapport aux autres. Si, je pense, tout le monde a assimilé que Franz et Marie forment un couple, vous ignorez encore que je ne vous en parlerai plus très longtemps car ils partent demain matin – de la sorte, il ne nous restera plus qu’une Marie et ça allègera substantiellement, niveau périphrase-pour-rappeler-de-laquelle-on-cause. 

Il y a deux autres couples à Tanaron, pour l’instant : Amar et Sylvie, les aînés de la Bergerie (hééé oui, plus âgés que moi[3], même, t’as qu’à voir !) et Michel et Marie (même si cette dernière n’est pas encore parmi nous[4]).

Enfin, il y a les « enfants » : Elinor, la petite dernière de Marie, qui va sur ses dix-neuf ans, et Boris, le fils de Michel, un gars bien bâti de quinze ans, de mère Caraïbes.

Je prévois, par la suite de faire des portraits plus détaillés (avec éventuellement photos) de chacun des personnages…

Mais revenons à notre soirée

Michel s’est coiffé et rasé pour l’arrivée de sa dulcinée, il a envoyé Amar et Boris cueillir de jolis chardons pour décorer la table pour son arrivée, tout est prêt !

Et Marie fait son entrée, avec deux garçons (le troisième ne s’est pas pointé au rendez-vous), Murat (prononcer Mourate, voire Mourad) et Yasin (Yacine). Elle nous annonce l’arrivée de trois camarades à eux pour le lendemain. Et voici deux jeunes urbains, la petite vingtaine, poussés dans la banlieue dieppoise, qui arrivent, au terme d’une invraisemblable piste gravie dans l’obscurité, après une bonne douzaine d’heures de route, au milieu d’une pure atmosphère hippie, dans une salle à manger improbable et néo-tribale. Autrement dépaysant que le bled, en Turquie !

Ils n’ont pas fini d’halluciner quand ils pénètrent dans le dortoir. Murat préfère s’amuser de l’inconfort, tandis que Yacin proteste avec énergie. Mais ils sont tous les deux d’accord sur la définition de l’atmosphère générale : c’est Koh-Lanta.

Comme un gros malin que je suis, je n’ai pas de duvet. Michel me prête une couverture synthétique et un couvre-lit qui feront, ma foi, tout à fait l’affaire. Au fond du dortoir où je me trouve, une partie du mur manque, vaguement fermée par des couvertures – je devrai dormir très habillé certaines nuits.

Puis, ce fut le matin

Je découvre la vallée dans la lumière du matin. Boudiou que c’est beau ! Je me dis que Murat et Yasin ont finalement de la chance de découvrir ça dans cette lumière. Je commence à comprendre ces minots d’il y a quarante ans qui sont tombés amoureux de ce village du bout du monde. Il y a dans cet endroit une émotion esthétique qui vous ferait douter de la non-existence de Dieu et me réconcilierait presque avec Regain de Giono, et ses fioritures qui me hérissaient le poil en Seconde.

Nous montons au village avec Sylvie et Amar. Les jeunes ont eu du mal à s’endormir, et après les 1000 kilomètres de route, il ne sont pas réveillés. Elinor est aux courses avec Michel. Marie et Franz sont partis pour Barcelone.

Nous, on a faim.

Marie nous accueille au village, on se fait un café. Amar et Sylvie semblent n’avoir jamais vu de cafetière italienne. Ça fait tellement partie de mes objets usuels[5] que je m’en étonne discrètement. Marie me fait rire. Elle parle un peu comme ma tante Monique… D’un coup, je me demande si Monique n’est pas justement de Dieppe… Et puis surtout, elle sourit Marie. Un sourire plein de dents et de bonheur. Elle est plausible en « chef de projet ». Elle croit à ses p’tits gars. Ils ne se laisseront pas décourager. Elle nous lit le descriptif détaillé du projet. Aujourd’hui, nous annonce-t-elle, c’est quartier libre. Les jeunes nous rejoignent. La matinée s'écoule tranquille.

Notes

[1] À part pour la guitare, Michel est droitier.

[2] En bois, sans clés.

[3] Antédiluvien par essence, faut-il le rappeler ^^

[4] Tiens, oui, d’ailleurs, kesséfou ? Elle devrait déjà être là, on commence à avoir faim.

[5] Ma mère en possède une impressionnante collection.

Commentaires

1. Le samedi 12 novembre 2005, 02:04 par Lomalarch

Et là, je sens que le moment est venu pour moi de sombrer dans les bras de Morphée… 

À bientôt les aminches, nous espérons vous retrouver, peu épuisés, la fois prochaine ;-)

2. Le samedi 12 novembre 2005, 12:07 par Titi

J'entends encore ta voix au téléphone me dire comme la montagne est belle... Et moi qui suis à Saint-Denis à ce moment-là, je me demande bien qu'est-ce que j'y fous !
Bon ! Quand est-ce qu'on y retourne ? :-p