Tanaron, le blog

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mais comment que ça se fait-il que les gens ils sont plus là ?

Donc, maintenant, le décor est planté. Nous savons à peu près qui est là – et le « sociogramme » demandé s’est dessiné.

Ça me paraît donc le bon moment pour prendre un peu de recul, quitter l’été dernier pour un petit tour d’horizon de ce que je sais sur le passé local.

Aujourd’hui : la première moitié du 20e siècle[1]

Au tournant du siècle déjà dernier[2], Tanaron est très raisonnablement peuplé. Il y a, sur l’ensemble de la Commune, environ 250 habitants – dont 150 dans le village même, une école dans la mairie. L’endroit est réputé alentour pour ses fêtes. On y vient à pied depuis la vallée. Tout laisse donc à penser qu’on y vit bien.

Si j’ai bien tout suivi, c’est en 1906 que de terribles orages entraînent une partie conséquentes des récoltes – et probablement des terres arables – le long des pentes, et provoquent des modifications de l’hydrographie souterraine. Le premier point d’eau se trouve désormais à 700 mètres de l’entrée du village, en contrebas. Autant dire que le confort de vie des habitants s’en ressent. Des familles commencent à partir.

Puis vient la Grande Conne Guerre. Les enfants de la montagne découvrent une France de champs de batailles et de tranchée. Deux y restent, comme l’atteste le monument aux morts. Mais surtout, ils rencontrent d’autres jeunes gens qui n’ont jamais connu les rigueurs de la campagne, mais la prometteuse industrie des villes. Où l’on vit tellement mieux, se convaincront-ils. Et le village perdra encore une partie de sa jeunesse.

Vers 1930, l’école de Tanaron ferme… Le village est désormais condamné. Après la Seconde Guerre Mondiale, il ne reste plus là-haut qu’une habitante, Madame Endignoux, qui refusera d’abandonner la maison – toujours debout aujourd’hui – du bout du village, d’où elle domine toute la vallée du Besse. Ses enfants la convaincront de passer l’hiver chez eux, à Marseille. Un hiver 1948, elle descend pour ne plus jamais remonter.

Tanaron est mort. Un village-fantôme perdu dans la montagne. Les maisons se délitent peu à peu, les toits prennent l’eau, puis s’effondrent, et enfin les murs lâchent…

Oui, je sais, ce n’est pas une note gaie, mais ça « nourrit » inévitablement tout ce qui, aujourd’hui, peut se passer là-haut.

Notes

[1] et hop, cinquante ans en une note, par un historien parfaitement décertifié

[2] va falloir s'y faire

Commentaires

1. Le vendredi 18 novembre 2005, 21:23 par Lomalarch

Bon, la prochaine fois, j'essaierai de trouver un truc drôle pour me faire pardonner ;-)

2. Le vendredi 18 novembre 2005, 23:40 par Ceskal

Non non, c'est drôle en fait. :-)
C'est donc sur ça (ou une partie (ou pas)) que l'histoire va se baser ?

3. Le samedi 19 novembre 2005, 12:42 par Titi

Ce qui a pu jouer aussi, je pense, dans la désertification du village, c'est le fait qu'à l'heure de l'industrialisation, du développement de l'automobile, de l'électricité, du téléphone... le village est resté isolé avec son seul chemin muletier comme accès.
Il fallait vraiment aimer son village pour avoir envie d'y rester alors que le confort de la ville était tout proche...

4. Le samedi 19 novembre 2005, 15:00 par Ceskal

Et encore, si on peux appeler ça du confort. Lorsque j'habitais chez mes parents (dans un bled sembable à Tanaron, avec une population ne dépassant pas les 150 habitants) je me languissais de mon départ pour déménager dans une ville plus confortable.

Ben je regrette. Et pour diverses raisons, peut-être assez pour en faire un film d'ailleurs :)

5. Le samedi 19 novembre 2005, 16:46 par Lomalarch

Ceskal > Je sais pas si c'est drôle, mais à la fin (du billet) c'est pas les bons qui gagnent ;-) . Et en fait, non, le roman – et le film à venir – racontent l'aventure de la fin des années 60, que j'évoquerai dans un prochain billet…
je me suis permis de supprimer ton double post, juste au-dessus (mon facétieux FAI a encore dû faire des siennes)

Titi > Tu as probablement raison, même si le téléphone s'est généralisé plus à partir des années cinquante. Mais je crois que s'ils avaient cru à l'avenir de leur village, ils y auraient amené la modernité (et notamment tracé une voie carrossable) :-/

6. Le mercredi 11 janvier 2006, 16:52 par Laurent Tabournel

Si le village de Tanaron n'est pas mort aujourd'hui, il le doit à une équipe de copains aixois dont je faisais partie en 1964-1965-1966. En 1964, deux d'entre eux, Jean-Paul Cheylan et Jean-Luc Siban ont découvert ce village abandonné et ont décidé de lui redonner vie. Au début, nous montions d'Aix comme nous pouvions et nous récupérions des matériaux à droite et à gauche pour commencer la restauration de la mairie, seul bâtiment encore debout. C'était héroîque mais nous étions jeunes... Tout montait à dos d'homme par le sentier muletier, y compris les sacs de ciment et l'eau potable. Les conditions de vie sur place étaient assez... rustiques... Puis est venu la découverte (par moi) de la source au fond du valon, découverte qui nous a épargné le portage d'eau... Nous avons fini par élargir le sentier afin de pouvoir monter avec un vieux dodge qui nous avait été donné. La vie a continué à Tanaron mais moi, je suis parti vers d'autres horizons... Je ne suis jamais revenu sur place mais je le ferai ...
Si vous avez des nouvelles de Jean-Paul ou de jean-Luc, je serai heureux de les lire...
Bon vent
Laurent

7. Le jeudi 12 janvier 2006, 11:03 par Titi

C'était d'autant plus héroïque vous étiez jeunes :) . Je ne suis pas sûre que des jeunes du même âge aujourd'hui se lanceraient dans une telle aventure...?
Je pense que Lomalarch nous reparlera de l'aventure des années 60 dans un prochain article et ce sera bien, à ce moment là, d'avoir vos commentaires :)
En attendant, n'hésitez pas à faire le tour des articles du blog ;)

8. Le jeudi 19 janvier 2006, 12:12 par anne

salut Laurent...des nouvelles en voila.Jean-Luc est maître verrier dans la région lyonnaise et fait des expositions etc.Il n'est jamais remonté à Tana.Mais il reviendra un jour,comme beaucoup d'entre nous.Jean -Paul est architecte et travaille au CNRS,comme chercheur sur des projets de développement durable.Il revient régulièrement à Tanaron.Que deviens-tu?Et ton frère Raymond?

9. Le mardi 21 février 2006, 02:10 par cédric

salut...

je viens de tomber par hasard sur ce blog et je trouve cette idée sur tanaron super originale certe mais vraiment chouette...

j'habite digne et jadore me balader et découvrir de nouveaux endroits... et jai découvert tanaron... au bout de ce chemin muletier se dresse ce petit hameau perché... c'était une journée d'été magnifique et avec un ami on décide d'aller faire une rando et on prend la d900 en direction de barles (c'est une route que l'on prend souvent d'ailleurs) et par hasard on prend l'embranchement qui indiquait "tanaron"...intrigués par ce petit paneau on arrète la voiture et on commence a entamer la montée... au bout de deux heures d'apres mes souvenirs nous sommes arrivés au bout de la piste et nous découvrimes tanaron... c'est le genre d'endroit que j'affectionne... ces endroits qui ont une histoire, ces endroits où des gens ont vécu... et qui sont à l'abandon de nos jours... malheureusement...

et justement votre blog que je découvre actuellement me permet de découvrir l'histoire de ces gens et de leur village... je ne suis pas retourné a tanaron depuis mais cette visite a ravivé d'agréables souvenirs et je pense qu'une deuxième escapade ne va pas tarder à s'imposer... je serais vraiment heureux de pouvoir m'entretenir avec vous. Ça m'intéresse vraiment... je me suis pas présenté, je m'appelle cédric, j'ai 22ans, et je fais des études de sociologie...

voilà bé je vais continuer ma visite en espérant avoir de vos nouvelles bientôt... merci

Je me suis permis de corriger quelques fautes et de faire quelques retours à la ligne afin de faciliter la lisibilité ;-)

10. Le mardi 21 février 2006, 10:30 par Lomalarch

Bonjour Cédric,

et bienvenue dans le coin :)

Ceci dit, si vous êtes passé à Tanaron après 1967 (ce qui me paraît probable ;) ), vous avez plus probablement emprunté la piste que le sentier muletier...

En revanche, je suis intrigué par le moment où ça s'est passé : l'été dernier il n'y avait pas encore de flêche au bas de la piste, et il y en a une depuis l'automne... Ou alors c'est une pancarte plus ancienne que vous connûtes :)

Pour ce qui est de converser, j'en profite pour signaler à tout le monde que j'ai ajouté dans la barre de navigation une adresse à moi, utilisable y compris en messagerie instantanée Jabber (ceux qui ne savent pas ce qu'est Jabber... à votre gougoule :-p )

À bientôt, donc !

11. Le jeudi 9 mars 2006, 00:05 par elinor

Et un amoureux de Tanaron de plus !
Ça ne m'étonne pas, en revanche je suis sûre que ce village n'a pas fini d'étonner. Par contre M.Lomalarch ou le chapeauté qui semble avoir toujours raison a tort. Car d'une il y a une pancarte qui part d'Esclangon et qu'il y en a souvent eu au début de la piste mais elles ont toutes disparu très vite, ce qui a vite découragé mon cher beau-père. Tout ça pour dire que notre ami Cédric a bien pu voir le panneau de Tanaron et prendre un chemin muletier. Mais il est vrai que tu n'étais pas avec nous quand on a pris ce sentier.
Mille excuses de vous avoir faussé compagnie à toi et ta belle.

12. Le vendredi 16 juin 2006, 23:26 par olivier

Salut,

Je suis passé dans ce bel ancien village de Tanaron, maintenant abandonné depuis quelques décennies. C'était en jun 2003 lors d'un stage terrain de géologie lors de mes études. Nous étions trois et afin de pouvoir mieux analyser la géologie du versant oriental de la vallée du Bès (avec la Serre d'Esclangon), nous étions montés à Tanaron et sur le rocher. Quelle ne fut pas notre surprise qu'en plus de réaliser une analyse géologique du paysage, nous découvrîmes que ce site très isolé a été habité et que les ruines des maisons respiraient les souvenirs des derniers habitants.
Depuis, je me suis toujours dit que lorsque je repasserai dans les Alpes du Sud, j'y referai un détour car c'est vraiment exceptionnel...

13. Le mercredi 21 juin 2006, 17:50 par flo

bonjour
je ne m'éternise pas puisque la dernière fois que j'ai tenté l'aventure sur ce blog, l'ensemble du réseau s'est déconnecté?débranché?a buggué? bref...
je voulais juste passer l'info d'un chantier sur Tanaron sur la première quinzaine du mois d'août. Il y a une belle affiche qui le dit, avec les contacts et tout et tout mais j'sais pas comment on fait pour la mettre dans la boîte, là.
Donc je récapipit les points importants :
première quinzaine du mois d'août
amener les duvets (comme l'an dernier...)
payer 7 euros par jour pour la bouffe et tout le toutim (ça c'est nouveau)
être jeune majeur, surtout jeune et surtout majeur (faute d'agrément, label...pour le moment)
et c'est pour faire quoi? Restaurer le lavoir communal, et se rencontrer à Tanaron. Y'a de quoi faire...
A bientôt de vous voir,
pensée privilégiée à Noé, et sa petite troupe (ça va?)
Biz
Flo

14. Le samedi 10 février 2007, 14:37 par cloclo

bonjour, je rouve ce blog super bien, en fait je suis tomber dessus en faisant des recherches pour mon arbre genealogique, car mon arrière grand père vivait à tanaron en 1917 et j’aimerais bien savoir de quelle mairie tanaron dépand? Afin de pouvoir poursuivre mes recherches, si vous pouvez me renseigner ? merci d’avance et bonne continuation pour le blog.

15. Le dimanche 11 février 2007, 01:19 par Lomalarch

Tanaron a été rattachée en 1976 (je crois) à la Commune de la Robine sur Galabre.

Merci d’être passée et à bientôt ;-)

16. Le samedi 24 février 2007, 01:07 par Laurent

Salut Anne, De passage sur le blog je trouve ta réponse qui m’attendait depuis plus d’un an … Je vais essayer de reprendre contact avec jean-Paul et Jean-luc. merci de les avoir situés. N’hésite pas à m’envoyer un mail, je serai ravi de te donner des nouvelles et de reprendre contact. laurenttabournel@hotmail.com

17. Le jeudi 15 mars 2007, 23:05 par Lynx

Hello,

Je monte régulièrement du coté de Tanaron en ballade (parfois pour faire la traversée vers Ainac enpassant par la vieille ferme ruinée, parfois juste pour faire la sieste sur les replats au-dessus de la bergerie). J'ai vu que quelqu'un avait emménagé sur la piste (maison à droite), avec un troupeau de chèvres très sympas (l'été dernier, un des chevreaux a fait la sieste contre moi tout l'après-midi, pas farouche du tout). Connaissez-vous ces personnes ? (Peut-être est-ce vous ?).
Vous avez par ailleurs un voisin très sympathique pas loin, sur le versant d'en face, un moine orthodoxe ermite. Connaissez ?
Permettez-moi une question que je me pose depuis plus de dix ans: savez-vous qui habite cette mystérieuse maison dont on voit la grille (toujours fermée) sur la gauche de la piste en montant (dans un virage) ?
J'aime bien ce coin de Tanaron, mais craignant de déranger quelqu'un, je ne suis jamais allé jusqu'au village. Simplement, vers 1994-1996, j'étais monté sur ce rocher juste au-dessus et vu quelqu'un (look "hippie") farfouiller du coté de l'ancienne église. Il y avait déjà un projet de reconstruction à cette époque ?

Question blog, chapeau : votre espace est le plus sympathique foutoir que j’ai jamais vu :) Je vais suivre ça… Est-ce que le village est habité en permanence par quelqu’un, à présent ?

18. Le jeudi 15 mars 2007, 23:10 par lynx

Désolé pour la forme du massage : tout est déformé...

19. Le vendredi 16 mars 2007, 11:51 par Lomalarch

Salut Lynx, et bienvenue ici !

Je n’habite pas Tanaron, pour ma part (je suis en région parisienne) et ne fais qu’y passer, quand l’occasion m’y pousse.

Si je ne me trompe, l’éleveur des chèvres s’appelle Manfred et est un garçon hautement fréquentable. Il y a, à l’heure actuelle, trois maisons habitées à l’année au village.

Pour la forme, j’ai « remis d’aplomb » : les espaces en début de ligne sont à éviter, ils créent, par le biais de la syntaxe wiki, des blocs « préformatés » sans retours à la ligne automatiques ;-)

N’hésitez pas à prévisualiser les commentaires !

20. Le vendredi 16 mars 2007, 21:11 par Lynx

Manfred (l’homme aux chèvres), il n’aurait pas dirigé un centre équestre sur Digne par hasard ? Si oui, je le connais et il est effectivement très sympa. Mais c’est curieux, car en passant une fois, j’ai aperçu un homme d’environ 40 ans avec probablement sa fille, et ce n’était pas le Manfred que je connais.
Vous êtes déjà allés du coté de la ferme ruinée (en allant sur Ainac, à travers les collines vers l’ouest) ? Je me suis toujours demandé pourquoi personne n’avait jamais eu l’idée de la retaper, à mon avis ce serait faisable. En plus, il y a de l’eau. Moi, je ne pourrais pas retaper quoi que ce soit : jepréfère trop la sieste et le génépi… :)

21. Le dimanche 18 mars 2007, 11:36 par Lomalarch

Je parle bien de ce Manfred (en revanche, j’ai un doute pour les chèvres, je n’arrive pas à être tout à fait sûr qu’elles sont à lui) ;-)
Je ne connais pas cette ferme, en revanche, mais si pour le génépi, je veux bien t’accompagner :-D

22. Le mercredi 19 mai 2010, 16:50 par marie

salut, je connais Tanaron pour y être passée après 1980 ; ma soeur y habitait avec son copain, ils ont eu une petite fille là haut et un garçon. Ils vivaient de leur jardin, avaient des chèvres....Maintenant, ils vivent à côté de Dignes encore, avec beaucoup de chèvres, font toujours des fromages; sur le marché la fille avec les fromages c'est Fanfan ma frangine !!!!

23. Le vendredi 13 mai 2011, 17:07 par woody

Un petit bonjour aux amis de Tanaron, j'y suis passé ce week-end, je fais beaucoup de randos, et suis 2 à 3 fois par an à Barles.

c'est la première fois que je monte la haut, et j'ai vraiment adoré.

j'ai été touché par le vieux cimetière notamment.

sur que j'y retournerais en cet automne.

bises à tous

24. Le vendredi 13 mai 2011, 19:07 par Lomalarch

Merci pour le coucou.

Je transmettrai à l’occasion :-)

25. Le samedi 4 août 2012, 09:59 par CLAUDINE

Je cherche à reprendre contact avec Delphine, Nathalie, des anciennes de Tanaron . (Equipe du temps de "Fanfan" dont parle l'une des participantes au blog.
Je souhaite prendre contact avec Manfred que je ne connais pas mais qui possède des infos dont j'ai besoin,
Et avec Claudette de Digne. Merci de transmettre si vous les connaissez.

Claudine