Un bon bouquin, sinon, si on ne craint pas le mal de mer[1]. Dans quelques heures, nous passerons le seuil de ce bistrot perdu des Pyrénées que je croyais bien ne plus jamais revoir. Une petite appréhension me saisit, bien sûr ; c’est toute une époque qui remonte au seul nom de ce village. Est-il seulement encore habité ? Y a-t-il encore un bistrot ? Le bus y arrive-t-il toujours ?

Je me sens un peu noix de n’avoir un minimum googlé pour m’assurer que je n’allais pas tenter de rattraper un esprit frappé fuyant dans un village fantôme. Ceci étant, c’est sans doute la logique même. Quand je pense que c’est ma grand-mère qui m’avait filé l’adresse – dont elle n’a jamais su qu’elle était devenue notre base arrière. On en a passé des trucs, en jouant à cache-cache avec les gabelous. La vieille dame n’aurait pas apprécié, bien sûr, mais j’étais encore assez jeune pour pouvoir croire que je « prolongeais » son œuvre résistante en m’affranchissant des règles de l’État bourgeois.

On a peut-être raison de dire que les jeunes révolutionnaires font de parfaits vieux cons ; en tout cas, là, à regarder le gamin dormir en souriant tandis que défilent dans la nuit les lumières des villes, je me sens au moins vieux – et pas bien fier.

Je me demande quand même comment il fait pour dormir, le gosse, dans le même compartiment que les sinus de Cunégonde…


Bref épisode, je suis bien conscient que c’est maigre alors que j’ai sauté une semaine, mais l’absence d’amorce m’a vraiment compliqué les choses. Je n’ai d’ailleurs pas tenu et ai récupéré l’amorce proposée pour le billet précédent par Titi et qui ne m’avait pas servie.

Question subsidiaire : cela vous amuserait-il que, de temps à autres, je me glisse dans la peau de mon personnage pour vous livrer une critique d’un « classique » ? Bon vouikende et silvousplééééé, une amorce pour la semaine prochaine !

Notes

[1] et avoir le mal de mer dans un train de nuit serait franchement de la dernière des nullités