Tanaron, le blog

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lundi 31 mars 2008

Castor de résistance

Je ne sais pas combien de fois elle me l’a raconté sa guerre. Je sais encore bien moins pourquoi je ne l’ai pas enregistrée, pourquoi je n’ai pas écrit cette histoire avec elle. J’en ai rêvé, pourtant, de cette grande bringue qui faisait sauter des trains, tout en soutirant des infos aux soldats occupants par des sourires innocents. Avec une malice dans le regard qu’elle a toujours eu. Je crois bien qu’elle me manque, tiens.

Je me demande bien pourquoi c’est à elle que je pense, dans ce petit matin blême. Cunégonde ne va pas tarder à se lever. Castor[1] a faim, maintenant que sa ration d’images est digérée. J’ai pas de chocolat, évidemment (et puis je l’avais prévenu, il va pas me chercher des poux, maintenant) ; alors on va faire avec moyens du bord rutabagas du jardin corn flakes et petit suisse dessus.

Ça lui plaît bien, au gnome, le « petit déjeuner de grand ». En plus, c’est la fête : il me reste une orange pour lui faire un jus.

Et puis l’inévitable se produit. On entend cet indéfinissable couinement que produit inévitablement le premier bâillement matinal de la Cunégonde. Suivent ses pas dans le couloir. Dès qu’elle passe la porte de la cuisine, elle fonce sur le petit bonhomme, le respire, l’embrasse goulûment.

– Cunégonde ! Hi hi, tu me chatouilles !
– Cunégonde, arrête. Laisse-le, je te dis. Cunégonde couchée !

L’épagneule se retourne indignée ! Comment, lis-je dans ses yeux, on ne peut plus souhaiter la bienvenue aux visiteurs ? Je baisse d’un ton.

– Laisse-le respirer, quand même !
– Hé, M’sieur…
– Appelle-moi Gus, va…
– Gus, on va la promener ?


Déjà huitième participation au sablier de printemps de la fée Kozette avec une amorce proposée ce soir comme hier par Agaagla, prise chez Traou dans le billet Histoire du corps (tome 3)

Notre héros a commencé sa quête ici et la continue par là

Notes

[1] non, mais sérieux, les parents. Castor. Ils sont pas bien les gens… On peut aimer la mythologie, mais il y a des limites !

Petites boîtes

Car, quand on passe de l’autre côté, il est là, le constant maëlstrom télévisuel, prêt à vous disponibiliser les neurones, à vous liposucer le cerveau, à vous capturer comme un lapin dans les phares. Et moi, être phalène de téléviseur, c’est pas mon projet dans la vie. Le truc est un outil de travail (il y a des producteurs qui nous envoie des dvd plutôt que d’organiser des projections de presse) mais quand je mange, je tourne le dos au monstre[1].

Et voilà que le gamin veut son dessin animé ! Merde. À six heures et demie y a des dessins-animés ? Le dimanche ? Les programmateurs ne respectent décidément rien. Et ce alors même qu’on était dans une discussion vraiment intéressante !

– Nan, tu vois, Ulysse, franchement, c’est le meilleur. Mais le massacre des prétendants… C’est nul. C’est un héros. Le plus fin. Il se sort de tout par la ruse, l’astuce, l’intelligence… et à la fin il descend tout le monde comme une brute épaisse ! C’est quoi la morale ?
– Qu’est-ce que j’en sais, petite tête. Peut-être que l’idée c’est qu’en voyage, ou quand on est perdu, on est plus attentif, on se découvre des ressources… mais qu’une fois à la maison on se lâche. On pète, on rote, et on tire sur les gens qu’on n’a pas invité.
– C’est nul…

Cette façon de hocher la tête. Cette déception abyssale et entêtée. C’est quelqu’un ce môme.

– C’est peut-être aussi pour dire que les héros ça n’existe pas. Qu’on peut être absolument, totalement héroïque quand les circonstances nous y amènent. Mais que si les circonstances changent, notre brutalité peut aussi reprendre le dessus…
– Hé, tu peux mettre la 6 ?
– Uh ?
– La 6, c’est l’heure de Pop College.

Mais je m’en fous, moi, de Pop College ! J’étais sur le point de sortir mon dictionnaire de la mythologie, pour vérifier un truc sur Circé[2] ! Mais mon manque d’intérêt ne le refroidit pas. Il a chopé ma télécommande et mis ses personnages sautillants dans mon salon…

– Hé, baisse le son ! Tu vas réveiller Cunégonde, bougre d…

Il m’obéit, mais je vois à sa posture, à son être tendu vers la lucarne qu’il est perdu pour moi au moins pour la demi-heure qui vient…


Septième participation au sablier d’automne de Kozlika sur une amorce proposée aujourd’hui par Agaagla – sur la ligne de finish, la machine infernale m’ayant mangé hier soir mon premier début -_- –. À l’origine, le début était celui d’un excellent billet du Monolecte, Dualité.

Vous pouvez retrouver les débuts de notre narrateur plus haut dans la série sablier, précisément ici. C’est le cinquième épisode de ses aventures trépidantes ! Le sixième vous tend les bras.

Notes

[1] un des rares monstres – avec Méduse – qu’il est plus dangereux d’avoir devant que derrière soi

[2] y eut-il jamais sorcière plus sexy que Circé ?